Le Transfert du Greffon


Voilà, nous y sommes, le grand jour est arrivé, celui où le patient va recevoir le greffon. Ce n’est pas l’étape la plus compliquée du parcours mais sans doute la plus forte d’un point de vue symbolique et émotionnel.



La greffe de moelle osseuse, contrairement aux greffes d’organes, est simple à accomplir car elle ressemble à une transfusion de sang. Elle n’est responsable d’aucune douleur. Le greffon arrive dans la cavité de la moelle osseuse par le biais de la circulation sanguine. Le greffon, contenu dans une poche en plastique suspendue à côté du patient, y est acheminé grâce à un cathéter.

Il y avait un « avant la greffe », il y aura désormais un « après la greffe », c’est pourquoi le jour de la greffe est nommé : J0 (pour jour zéro).

 

L’isolement

Il faudra plusieurs jours voire plusieurs semaines aux nouvelles cellules souches pour se multiplier et se différencier en globules rouges, globules blancs et plaquettes.

Durant cette période, l’organisme est en aplasie, c’est-à-dire que ses défenses immunitaires sont au plus bas. Par conséquent, durant cette période, le risque d’infections est important. Le moyen le plus efficace pour l’en prémunir, est de mettre le patient à l’abri dans un univers stérile (chambre seule protégée).

Lorsque la nouvelle moelle osseuse commence à produire une variété de globules blancs que l’on appelle les neutrophiles, il est raisonnable de penser que la greffe a pris et que, de ce fait, les risques d’infection deviennent limités. C’est aussi ce qui souvent permet la sortie du malade de la chambre protégée.

Le greffon va également produire des lymphocytes T qui sont des cellules qui participent aux défenses immunitaires. Cependant, avant de pouvoir être fonctionnels, les lymphocytes T doivent être éduqués afin qu’ils aient un comportement adapté aux besoins de l’organisme. Ils ne doivent être ni trop faibles, ni trop agressifs. Le thymus, un petit organe situé derrière le sternum, participe à cette éducation des lymphocytes T provenant du greffon en ne sélectionnant que les cellules qui « tolèrent » les cellules du receveur. Si le thymus ne fait pas correctement son travail, le patient peut alors développer une réaction du Greffon contre l’Hôte, c’est à dire attaquer le receveur. On parle de GvH le plus souvent (terme anglosaxon, Graft versus host disease).



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Appelées aussi chambres stériles, il en existe quatre types.

la chambre sans filtration d’air. Il s’agit d’une chambre individuelle avec ou sans sas d’entrée, sans dispositif particulier de traitement d’air. En effet, tous les conditionnements ne nécessitent pas obligatoirement une chambre protégée.

la chambre avec filtration d’air. Une chambre individuelle dans laquelle un épurateur d’air filtre l’air ambiant.

la chambre avec filtration d’air et pression positive. L’air est filtré et débarrassé des microbes puis éjecté dans un flux permanent vers l’extérieur de la chambre. La chambre est souvent munie d’un sas avec deux portes qu’il ne faut jamais ouvrir en même temps.

la chambre à flux laminaire. Le principe est identique à celui de la chambre avec filtration d’air et pression positive mais la chambre est également traversée de plusieurs flux d’air filtré, tous parallèles, ceci afin d’éliminer les microbes qui sont au sol. Le lit est souvent entouré de rideaux transparents.

L’immunité désigne l’ensemble des réactions de défenses de l’organisme face aux attaques extérieures (bactéries, virus, champignons, parasites) et face à nos propres cellules devenues déficientes. Le système immunitaire a la capacité également de défendre l’organisme contre les agressions climatiques (altitude, changement de température…), mécaniques (chutes,…) ou même chimiques (acide,…).

Le thymus est une glande, en forme de papillon, qui se situe derrière le sternum. Le thymus a pour fonction de participer à l’éducation des nouvelles cellules immunologiques provenant de la moelle greffée.

Le thymus :
– sélectionne les lymphocytes T venant du greffon ;
– élimine parmi elles, les cellules trop agressives pour l’organisme ;
– élimine les cellules au contraire trop faibles pour le défendre ;
– ne garde que les cellules tolérantes aux cellules de l’organisme.

 

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La forme chronique de la réaction du greffon contre l’hôte (GvH) est plus complexe mais moins agressive que la forme aigüe de la maladie. Elle peut se manifester à partir de 100 jours après la greffe, et parfois même un an plus tard. Elle nécessite une prise en charge spécifique avec des traitements prolongés mais dont les doses sont moins fortes quand le cas de la GvH aigüe.

La GvH chronique peut toucher n’importe quel organe mais atteint le plus fréquemment la peau, la bouche et les yeux (sécheresse occulaire). Elle peut également atteindre les poumons et nécessite alors une prise en charge en pneumologie.

Toutefois, une GvH modérée peut être le signe d’une bonne nouvelle : si les cellules du greffon s’attaquent aux cellules saines, elles s’attaquent aussi aux cellules malades. On appelle cela l’effet GvM (greffons contre la maladie).

Les risques de complications liés aux réactions immunologiques

La greffe de moelle comporte certains risques de complications, mais toutes n’ont pas la même gravité. Si la greffe vous a été proposée, c’est que l’équipe de greffe a estimé que les risques encourus étaient inférieurs aux bénéfices attendus par ce traitement pour votre santé. De plus, un bilan pré-greffe et un suivi régulier permettent de surveiller ces complications et de les contrôler.

Les complications immunitaires résultent d’un conflit entre votre organisme et la moelle du donneur.

Le risque de rejet. Il peut arriver que la greffe ne prenne pas ou que l’organisme finisse par rejeter le greffon quelques mois après la greffe. Si cela devait se produire, un traitement adapté vous sera proposé. Il est exceptionnel de devoir effectuer une deuxième greffe de moelle.

Le risque de réaction du greffon contre l’hôte (GvH). Dans ce cas, les lymphocytes provenant de la moelle greffée considèrent certains tissus sains de votre organisme comme étrangers et entreprennent de les détruire. Cela se manifeste par des rougeurs cutanées, des diarrhées, des vomissements ou une jaunisse. La GvH peut survenir dans les trois mois qui suivent la greffe. Si la GvH survient plus tard, il peut s’agir d’une GvH chronique.Elle s’évalue de 0 (aucun réaction) à 4. Il s’agit d’une complication grave de la greffe. Des bilans sanguins réguliers permettent de détecter les signes de GvH et le cas échéant, de proposer un traitement adapté.

Le risque de rechute de la maladie. Plus le temps passe, plus le risque de rechute de la maladie diminue. On parlera de guérison après plusieurs années. La surveillance du chimérisme permet souvent d’anticiper cette rechute et de proposer des traitements précoces, adaptés.