L’Annonce de la Greffe


Vous, un membre de votre famille ou l’un de vos amis, allez bénéficier d’une greffe de moelle osseuse. Pour cela un certain nombre d’étapes doivent être franchies. Elles représentent ce que l’on appelle « le parcours de greffe ». Bien comprendre chacune de ces étapes vous permettra d’appréhender le plus sereinement possible cette option thérapeutique proposée par l’équipe de soins.



Apprendre que l’on va recevoir une greffe de moelle osseuse est toujours un moment difficile et de très nombreuses questions peuvent se poser.

La notion de greffe est souvent associée à celle d’un organe comme le rein, le cœur ou les poumons. Lorsqu’il s’agit de la moelle osseuse, la notion de greffe peut sembler plus mystérieuse.

Nous allons vous aider à bien comprendre ce qu’est une greffe de moelle osseuse et ce qu’elle implique en terme de traitement mais aussi de complications éventuelles.

La première question qui se pose est : pourquoi peut-on avoir besoin d’une greffe de moelle osseuse ?

Tout comme le foie, les reins ou les artères, le sang peut être affecté par certaines maladies. Le plus souvent, il s’agit de pathologies cancéreuses.
Il faut savoir que c’est la moelle osseuse qui fabrique les cellules qui composent notre sang. La moelle osseuse est un tissu spongieux qui se trouve dans la partie creuse des os.

image1-750x420


Elle contient des milliers de cellules souches hématopoïétiques qui sont aussi appelées plus simplement des cellules-mères car comme une mère donne naissance à un enfant qui peut être un garçon ou une fille, les cellules-mères, aussi appelées cellules souches donnent naissance à de nouvelles cellules qui peuvent être des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes. Pour donner naissance à ces nouvelles cellules, les cellules souches vont devoir se diviser puis se différencier.

image2-750x570

La moelle osseuse joue donc un rôle essentiel dans la fabrication de cellules du sang.

Certaines maladies altèrent le fonctionnement des cellules de la moelle ou du sang. La division ou la différenciation de ces cellules peut être anormale ou inexistante. Il peut s’agir de maladies cancéreuses comme des leucémies qui requièrent un traitement chimiothérapique ou de maladie dites non malignes mais graves qui empêchent la production normale de cellules du sang.

Il se peut alors que seul traitement possible soit d’enlever la moelle osseuse malade pour la remplacer par des cellules souches saines prélevées sur une personne en bonne santé : c’est la greffe de moelle.

Le choix du donneur de moelle osseuse est soumis à certaines conditions qui sont détaillées dans la partie consacrée au donneur.

Les cellules-mères greffées proviennent le plus souvent du prélèvement de la moelle ou du sang d’un donneur, mais elles peuvent également provenir d’un prélèvement de sang placentaire contenu dans le cordon ombilical qui relie le bébé à sa mère.

L’autre question très légitime concerne bien évidemment les risques qui peuvent être associés à une greffe de moelle osseuse.

Les complications ou les effets indésirables qui peuvent être observés tout au long de ce parcours de greffe peuvent être de nature très différentes.

L’équipe médicale va mettre tout en œuvre pour que la greffe de cellules souches soit un succès. Les centres de greffe disposent d’une expérience importante de ce type de traitement mais il arrive qu’un certain nombre d’effets indésirables surviennent, tels que :

– le rejet de la greffe par l’organisme ;
– la réaction du greffon contre l’hôte (ou GvH) : lorsque les cellules souches greffées considèrent certains des tissus ou organes de la personne comme des éléments étrangers créant un conflit entre les cellules du donneur et celles du receveur ;
– la rechute, si la maladie réapparait ;
– une toxicité des chimiothérapies ou des radiothérapies utilisées pour préparer à recevoir la greffe ;
– une infection durant la période de fragilité infectieuse qui suit la greffe ;

Tout traitement, dès lors qu’il est actif, présente des risques de complications plus ou moins importants. Les médecins savent les reconnaître et leur rôle est de les maîtriser le plus possible.
Dans tous les cas, avant de proposer une greffe de moelle, l’équipe médicale a mesuré ce que l’on appelle la balance « bénéfices/risques » c’est-à-dire que les bénéfices attendus par la greffe sont plus importants que les risques de complications liés à cette option thérapeutique.



En savoir plus


Effets indésirables liés au conditionnement

Le conditionnement peut entraîner certains effets indésirables mais transitoires :

– des nausées, des vomissements dans les jours qui suivent le conditionnement ;

– une modification du goût dans les mois qui suivent la greffe à cause de certains médicaments. Cela disparaîtra dans l’année ;

– des mucites. Il s’agit d’une inflammation des muqueuses de la bouche et des intestins qui occasionnent des douleurs. Si la déglutition devient très difficile en raison des mucites, vous pourrez recevoir en support une alimentation artificielle afin de ne pas perdre de poids. La mucite disparaît 10 à 15 jours après le conditionnement ;

– la chute des cheveux (alopécie) et d’autres modifications corporelles. La chute des cheveux est pratiquement inévitable, notamment après un conditionnement myéloablatif, mais transitoire. Les cheveux commencent à repousser dès la fin du conditionnement. A l’inverse certains médicaments font augmenter la pilosité ou font gonfler le visage et le tronc s’il s’agit de cortisone. Ces effets indésirables cessent dès l’arrêt du traitement. Lorsque l’image de soi est touchée, cela peut être difficile à vivre. Un soutien psychologique peut vous aider si vous en ressentez le besoin ;

– la fatigue est souvent bien présente. Elle diminuera progressivement avec la reprise d’une « vie normale » et d’une activité physique.

Les risques de complications liés au conditionnement

La greffe de moelle comporte certains risques de complications, mais toutes n’ont pas la même gravité. Si la greffe vous a été proposée, c’est que l’équipe de greffe a estimé que les risques encourus étaient inférieurs aux bénéfices attendus par ce traitement pour votre santé. De plus, un bilan pré-greffe et un suivi régulier permettent de surveiller ces complications et de les contrôler.
Le conditionnement entraîne certains risques de complications :

au niveau du foie. Il peut se produire une maladie veino-occlusive (MVO) au cours de laquelle la circulation du sang dans le foie est altérée. Cela peut entraîner des douleurs au niveau du foie, une jaunisse, une prise de poids et des perturbations métaboliques. La circulation du sang revient à son état d’origine dès la fin du conditionnement et certains médicaments et certaines mesures permettent de lutter contre ces effets ;

au niveau de la vessie. Le conditionnement et certains médicaments peuvent entraîner des lésions à l‘intérieur de la vessie, provoquant l’apparition de sang dans l’urine, et des douleurs. Cette cystite hémorragique peut apparaître quelques semaines après la greffe et peut mettre quelques semaines à guérir.

Les risques de complications liés à l’aplasie

La greffe de moelle comporte certains risques de complications, mais toutes n’ont pas la même gravité. Si la greffe vous a été proposée, c’est que l’équipe de greffe a estimé que les risques encourus étaient inférieurs aux bénéfices attendus par ce traitement pour votre santé. De plus, un bilan pré-greffe et un suivi régulier permettent de surveiller ces complications et de les contrôler.
L’aplasie est la chute des défenses immunitaires. C’est l’état dans lequel vous vous trouvez après le conditionnement, et tant que la greffe n’a pas pris. En état d’aplasie, vous êtes fragile face aux agents pathogènes.

Le risque d’infections liées à des bactéries, des champignons, des virus et des parasites est présent durant les deux à quatre semaines suivant la greffe. D’où la nécessité pour vous de rester durant ce temps en chambre protégée. Les antibiotiques permettent d’éliminer les bactéries, les antifongiques, les champignons et certains médicaments tuent les virus et les parasites. Des examens réalisés en chambre protégée permettent de surveiller leur apparition et de les traiter si nécessaire. Certains examens comme le scanner pulmonaire pour détecter les infections des poumons nécessitent pour vous de sortir de la chambre protégée. Toutes les précautions seront prises pour que les risques d’infection soient très limités lors de ces déplacements.

Les risques d’infection par les transfusions. En attendant que le greffon prenne le relais de votre moelle, et se mette à produire des globules rouges et des plaquettes, vous allez sans doute recevoir des transfusions de ces produits sanguins. Les risques que les poches contiennent un agent pathogène sont aujourd’hui infimes. En effet, des contrôles rigoureux sont effectués sur les dons de sang et les produits sanguins subissent un traitement par irradiation avant de vous être transfusés. Si toutefois cela devait se produire, votre médecin vous donnerait le traitement adéquat.

Les risques de complications liés aux réactions immunologiques

La greffe de moelle comporte certains risques de complications, mais toutes n’ont pas la même gravité. Si la greffe vous a été proposée, c’est que l’équipe de greffe a estimé que les risques encourus étaient inférieurs aux bénéfices attendus par ce traitement pour votre santé. De plus, un bilan pré-greffe et un suivi régulier permettent de surveiller ces complications et de les contrôler.
Les complications immunitaires résultent d’un conflit entre votre organisme et la moelle du donneur.

– Le risque de rejet. Il peut arrive que la greffe ne prenne pas ou que l’organisme finisse par rejeter le greffon quelques mois après la greffe. SI cela devait se produire, un traitement adapté vous sera proposé. Il est exceptionnel de devoir effectuer une deuxième greffe de moelle.

– Le risque de réaction du greffon contre l’hôte (GvH). Dans ce cas, les lymphocytes provenant de la moelle greffée considèrent certains tissus sains de votre organisme comme étrangers et entreprennent de les détruire. Cela se manifeste par des rougeurs cutanées, des diarrhées, des vomissements ou une jaunisse. La GvH peut survenir dans les trois mois qui suivent la greffe. Si la GvH survient plus tard, il peut s’agir d’une GvH chronique.Elle s’évalue de 0 (aucun réaction) à 4. Il s’agit d’une complication grave de la greffe. Des bilans sanguins réguliers permettent de détecter les signes de GvH et le cas échéant, de proposer un traitement adapté.

– Le risque de rechute de la maladie. Plus le temps passe, plus le risque de rechute de la maladie diminue. On parlera de guérison après plusieurs années. La surveillance du chimérisme permet souvent d’anticiper cette rechute et de proposer des traitements précoces, adaptés.

Autres risques de complications

La greffe de moelle comporte certains risques de complications, mais toutes n’ont pas la même gravité. Si la greffe vous a été proposée, c’est que l’équipe de greffe a estimé que les risques encourus étaient inférieurs aux bénéfices attendus par ce traitement pour votre santé. De plus, un bilan pré-greffe et un suivi régulier permettent de surveiller ces complications et de les contrôler.

– Les risques liés au cathéter. Le risque le plus important lorsque l’on porte un cathéter est le risque d’infection par une bactérie. De retour à domicile, il vous faudra respecter les règles d’hygiène et de soins du cathéter afin d’éviter les complications qui peuvent toucher le cathéter.

– Certaines complications qui touchent les poumons ou le cœur nécessitent une coordination entre plusieurs services et une surveillance étroite. Dans ce cas, il peut être nécessaire de faire un séjour en service de soins intensifs afin de pouvoir bénéficier de compétences spécifiques.

Risques de complications à long terme

La greffe de moelle comporte certains risques de complications, mais toutes n’ont pas la même gravité. Si la greffe vous a été proposée, c’est que l’équipe de greffe a estimé que les risques encourus étaient inférieurs aux bénéfices attendus par ce traitement pour votre santé. De plus, un bilan pré-greffe et un suivi régulier permettent de surveiller ces complications et de les contrôler.

– Les risques d’infections. Le système immunitaire issu de la moelle greffée met plusieurs mois pour être bien fonctionnel. Cette période peut prendre 2 à 6 mois, parfois plus si vous prenez un traitement immunosuppresseur pour empêcher une réaction du greffon contre l’hôte (GvH). Les personnes qui ont subit une irradiation corporelle totale lors du conditionnement ou d’ablation de la rate, sont particulièrement sensibles à certaines bactéries, plusieurs années après la greffe. Il est donc important de déceler rapidement tout signe d’infection (fièvre, frisson…) et de consulter un médecin afin de ne pas laisser l’infection progresser.

– Les risques pour la fertilité. Les traitements de la maladie et ceux du conditionnement (en particulier la chimiothérapie) ont pu affecter vos gamètes (spermatozoïde et ovocytes). Il est souvent possible d’effectuer des ponctions et des prélèvements pour conserver vos gamètes. Pour les femmes, le suivi gynécologique est très important, notamment pour la surveillance d’un traitement hormonal de substitution en cas de ménopause précoce.

– Les risques d’hypothyroïdie. Le conditionnement par irradiation totale peut entraîner une hypothyroïdie qui peut être corrigée par un traitement.

– Les risques cardiaques. Ils sont rares, mais peuvent éventuellement survenir chez des personnes ayant subit de nombreuses chimiothérapies.

– Les risques ophtalmiques. L’irradiation totale peut entraîner, plusieurs années après la greffe, l’apparition d’une cataracte qui se traite par une petite chirurgie sous anesthésie locale.

– Les risques dentaires. Une altération de l’émail des dents peut apparaître. Un suivi régulier par un dentiste est nécessaire.

– Le risque exceptionnel de second cancer. Plusieurs années après la greffe, il peut arriver que de façon exceptionnelle, un second cancer (notamment au niveau de la peau) apparaisse. Une surveillance régulière est nécessaire.

Globule_rouge-150x150

Les globules rouges sont aussi appelés érythrocytes ou hématies. Ils contiennent l’hémoglobine qui transporte l’oxygène à toutes les cellules de l’organisme. Dans les analyses de sang, le taux d’hémoglobine est mesuré car il montre la capacité du sang à transporter l’oxygène. Chez un adulte en bonne santé, le taux d’hémoglobine se situe entre 11,5 à 17 grammes par décilitre de sang. Lorsque le taux d’hémoglobine diminue en dessous d’un certain seuil, on parle d’anémie.

Globule_blanc-150x150

Les globules blancs sont également appelés les leucocytes. Il existe plusieurs types de leucocytes qui participent tous au système de défenses immunitaires de l’organisme contre les agents pathogènes. Parmi les leucocytes, les neutrophiles et les lymphocytes T et B défendent l’organisme contre les attaques des bactéries, des virus, des parasites et des champignons. Elles éliminent également les cellules malades ou étrangères. Chez un adulte en bonne santé, les neutrophiles sont au nombre de 1500 à 7500 par millilitre de sang.

Plaquette-150x150

Les plaquettes sont aussi appelées des thrombocytes. Elles participent au phénomène de coagulation en formant notamment des caillots et des croûtes sur les plaies. Chez un adulte en bonne santé, le nombre de plaquettes se situe entre 150 000 et 450 000 par millimètre cube de sang. Lorsque le taux de plaquettes diminue, une thrombopénie survient et entraîne un risque d’hémorragie. Une transfusion de plaquettes peut alors s’avérer nécessaire.

Il existe deux types de moelle se situant à l’intérieur des os. Les os longs qui ont une structure en forme de tube contiennent de la moelle jaune qui permet aux os de se régénérer et de se solidifier. La moelle rouge est quant à elle très différente. Elle se situe dans les os courts et plats : sternum, os du bassin, côtes, vertèbres. C’est la moelle rouge qui produit les différentes cellules du sang grâce aux cellules souches hématopoïétiques qui ont la capacité de se transformer en globules rouges, globules blancs et plaquettes. La moelle osseuse rouge participe donc au système de défenses immunitaires de l’organisme. En cas de maladie qui affectent la moelle osseuse, une greffe peut être nécessaire.

La moelle épinière n’a rien à voir avec la moelle osseuse. Elle descend depuis la boite crânienne, tout le long de la colonne vertébrale, protégée dans un canal que forment les vertèbres. Elle est constituée de neurones et sa principale fonction est de transmettre les messages nerveux entre le cerveau et le reste du corps.

Le sang placentaire est le sang contenu dans le cordon ombilical et dans le placenta. Avec le consentement des parents, le sang placentaire peut être prélevé à la naissance (sans aucune douleur pour le bébé). Ce sang est riche en cellules souches hématopoïétiques et présente l’avantage d’être plus tolérant qu’un greffon de moelle osseuse envers l’organisme receveur.

Il existe des banques de sang de cordon où sont conservés les prélèvements en attente d’être greffés sur une personne qui en a besoin.

Le terme de « maladies du sang » rassemble toutes les maladies qui peuvent toucher l’un ou l’autre des composants du sang : globules rouges, hémoglobine, globules blancs, plaquettes, protéines responsables de la coagulation. Parmi ces maladies, on trouve les leucémies, les lymphomes, l’aplasie médullaire…